بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Ce qui ne mène pas au Tawhîd ne peut être considéré comme science
Résumé de l’assise du 23 Mars 2018 / Jumu’a 5 Rajab 1439 [Partie 1] :
Nous revenons donc à la Lecture du lâm al-‘ishq, qui est le lâm al-qabd, par le moustaqarr de la Noubouwa, en ce cours qui se voudra être le dixième de la série. Ce réceptacle (moustaqarr) qu’est devenu le corps en se conformant parfaitement aux attributs et aux caractéristiques du Seigneur, en vertu du Hadîth : « Allâh créa Adam à Son image [1] », et dans une autre version : « Allâh créa Adam à l’image de al-Rahmân [2]. » C’est-à-dire qu’Il le façonna d’un façonnage parfait et conforme à Son image, après quoi Il insuffla en lui de Son Esprit. De ce fait, le façonnage du corps apparent est, chez le disciple, une obligation personnelle (fard ‘aïn) afin que son esprit puisse s’élever, être purifié et réaliser l’ascension (‘ouroûj) vers la Présence du Prophète ﷺ. Si en revanche sa manière d’être (khuluq) n’est pas conforme au Khuluq de al-Rahmân, s’il est vil, tel le khuluq du Shaytân, alors c’est qu’il se trouve dans un degré d’entre les degrés du Feu. Et nous implorons Allâh de nous sauver du feu de l’Enfer et du feu de l’insouciance.
Nous disons donc que la Science descend de la part d’Allâh sur Ses Prophètes et Messagers. Par cette descente (tanazzul), ils découvrent ce qu’ils ne savaient pas. En vérité, cette descente est une descente qui se fait en une seule fois. Une Parole. Une Fâtiha. Oumm al-Kitâb. Un Secret. Un Souffle. Chacun la considère depuis ce que lui permet de concevoir son intellect. Notre Seigneur ﷻ dit : « Et Il enseigna à Adam tous les noms [3] », et nous avions expliqué dans le cours précédent que le Secret ne se trouvait pas dans la Science des noms, mais plutôt dans leur synthèse les englobant tous. Cette Connaissance n’est pas descendue sur Adam (‘alayhi s-salâm) en plusieurs parties, selon des causes de descente (sabab al-nouzoul) particulières, par exemple avec à chaque moment un Nom différent qui descendait à lui… non, ça c’est une compréhension erronée. Lorsque les Noms et la Science du Seigneur descendirent sur Adam (‘alayhi s-salâm), ils descendirent d’un seul coup, en une seule fois : « Et Il enseigna à Adam tous les noms. » C’est-à-dire que cette Connaissance englobante et exhaustive descendue du Seigneur ﷻ sur ceux qu’Il aura voulu d’entre Ses Prophètes et Messagers… c’est cela même, ce que l’on désigne par « al-naba’ : la nouvelle ». Telle est la grande nouvelle (al-naba’ al-‘adhîm) perçue par le Prophète, de la part du Seigneur ﷻ. Il la prend dans son entièreté, puis il la fait apparaître, petit-à-petit, en fonction du lieu, de l’instant et des gens qui l’entourent. C’est pourquoi on dit que le Coran est descendu sur sayidina al-Mustafa ﷺ en une seule fois, mais que ses versets furent révélés de manière progressive, c’est-à-dire en fonction de ce dont la Communauté avait besoin, dans l’instant, dans son suivi du Prophète. C’est pourquoi, lorsque nous recherchons l’exégèse d’un verset, on commence par consulter la cause de sa révélation. Quant au Coran, il est descendu sur sayidina al-Mustafa ﷺ en une seule fois. Et tous les Prophètes et Messagers ont reçu ce qu’ils ont reçu du Seigneur ﷻ en une seule fois.
C’est pourquoi nous constatons que les Livres révélés ne donnent pas les explications des fondements qu’ils recèlent, mais plutôt que ces explications sont apportées par la Sunna Prophétique. Nous disons ainsi que le Livre procède du Seigneur, tandis que la Sunna englobe tout ce qu’a dit, tout ce qu’a fait et tout ce qu’a confirmé le Prophète. Si l’on considère cela d’un point de vue purement logique, on dira que la Sunna est un ijtihad, c’est-à-dire un effort personnel réalisé par le Prophète dans la compréhension de la Loi divine. Quant au Livre d’Allâh, il ne peut en diminuer ni y ajouter quoi que ce soit. A l’inverse, dans la Sunna, sayiduna al-Mustafa ﷺ donne un jugement (fatwa), il ordonne et interdit… prenez à titre d’exemple le cas de celui qui rompt son jeûne pendant le mois de Ramadan : pour cela, il devra accomplir une réparation (kaffâra), ou bien en nourrissant soixante pauvres, ou bien en jeûnant deux mois consécutifs, ou bien en libérant un esclave. Voilà ce que nous enseigne la Sunna.
Cependant, cette fois ou un compagnon vint le voir et lui dit : « Je suis perdu, ô Messager d’Allâh », que sayiduna al-Mustafa ﷺ lui demanda pour quelle raison, et que l’homme expliqua qu’il avait eu une relation avec son épouse pendant le mois de Ramadan… c’est-à-dire que cette relation n’était pas illicite en elle-même, puisque les deux personnes étaient mariées, mais à partir du moment où elle avait lieu dans un temps où cela était interdit, car cela fait partie des choses annulant le jeûne… alors le statut juridique applicable sur un tel cas, le statut connu de la Sunna Prophétique et que nous rapportent les écoles de jurisprudences, c’est que l’homme doit jeûner deux mois consécutifs, ou nourrir soixante pauvres, ou libérer un esclave. Mais pourtant, qu’a répondu sayiduna al-Mustafa ﷺ à ce compagnon ? Il lui demanda de nourrir soixante pauvres. Ce à quoi l’homme répondit qu’il n’avait pas les moyens de faire une telle chose. Sayiduna al-Mustafa ﷺ lui remit alors un plat de dattes afin qu’il le distribue aux pauvres. L’homme répondit qu’il n’y avait personne de plus pauvre que lui là où il habitait. A ce moment-là, sayiduna al-Mustafa ﷺ sourit… comme s’il s’agissait donc ici d’une Sunna établie. Cette fatwa a changé et est devenue un ijtihad du Prophète… si on la considère du point de vue de la logique. Si en revanche le statut juridique précis d’un tel cas avait été révélé dans le Coran, alors sayiduna al-Mustafa ﷺ n’y aurait rien ajouté ni diminué. Cette fatwa n’est valable que pour cet homme, et il n’est évidemment pas correct de l’étendre et de l’appliquer à l’ensemble de la Communauté. Ce qui concerne de manière générale la Communauté, c’est évidemment deux mois de jeûne consécutifs, nourrir soixante pauvres ou libérer un esclave. Ce jugement fut un jugement spécifique pour cet homme, et le Messager ﷺ était mieux informé à son sujet, raison pour laquelle la sentence fut modifiée pour lui [4].
Toutes ces explications détaillées de la Loi divine que nous a apporté la Sunna Prophétique, parachevant ainsi pour nous la ma’rifa et afin que le naba’ du Seigneur soit compris… sont en fait comme un effort d’ijtihad humain, afin que le cheminant atteigne un résultat et une récompense. Interroge ton cœur avant d’être interrogé. La chose qui te préoccupe : questionne à son sujet ton cœur, demande ce qu’il y a de meilleur (istikhara) à ton Seigneur… n’interroge personne d’autre que toi-même, si tu veux parvenir au résultat et à la récompense de la compréhension de la Sunna.
Voilà pourquoi nous disons que ce que Allâh voulut faire apparaître et enseigner à Ses serviteurs, Il le fit apparaître au travers de la Noubouwa de Ses Prophètes et au travers de la Risâla de Ses Messagers (‘alayhim as-salât wa t-taslîm). Quant aux choses qu’Il ne voulut pas leur faire apparaître, Il les laissa dans le domaine de la foi en le ghayb (inconnaissable). Car il y a bien des choses dont le Prophète n’a pas eu connaissance… et ces choses sont très claires : « Seigneur, montre-Toi à moi afin que je Te voie ! [5] » ou encore : « Et quand Ibrahim dit : « Seigneur, montre-moi comment Tu ressuscites les morts. » [6]. » C’est-à-dire qu’il s’agit là de choses qui demeurent dans le domaine de l’inconnaissable, que le Seigneur ﷻ laissa dans le domaine de la foi en le ghayb. Idem pour l’Esprit (al-roûh), l’Heure, le Jour de la Résurrection, et d’autres choses encore que l’intellect est parfaitement incapable de concevoir. Il y a donc bien des choses qui sont au-delà du domaine de la Noubouwa, qui sont au-delà de la grande nouvelle (al-naba’ al-‘adhîm). Car le naba’, c’est ce dont le Seigneur a informé Son serviteur, c’est-à-dire Son Prophète ou Son Messager. Mais il y a d’autres choses qu’Il laissa au domaine du ghayb, des choses auxquelles même les Prophètes n’ont pas eu accès.
Parce que si l’intellect avait pu atteindre ces choses relevant de l’inconnaissable, tout aurait été ruiné, la pensée et la foi auraient été perverties, ce qui aurait entraîné la destruction de la vie sur Terre. La Science véritable, c’est ce qui mène le cheminant au Tawhîd, c’est-à-dire à la croyance ferme et sans faille en le fait qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Lui, l’Unique, l’Exclusif et le parfaitement Juste en toute chose. Quant à la science qui ne mène pas à cela, la science qui ne mène pas à la Connaissance de l’Unicité du Créateur ﷻ, en aucun cas ceci ne peut être considéré comme une science. Ici, nous parlons de science (‘ilm)… qui renvoie à un Nom divin (al-‘Alim – l’Omniscient) ﷻ. Quand on parle de science (‘ilm), on la considère au singulier, en tant qu’indicateur de l’Attribut divin ﷻ, al-‘Alim étant un Nom-Attribut. Voilà pourquoi la science (al-‘ilm) est unique et est le propre du Seigneur ﷻ, qu’Il dévoila à qui Il voulut d’entre Ses Prophètes et Messagers.
Toute science qui ne mènerait pas à cette croyance et à cette conviction profonde, n’est pas une science… quand bien même elle serait désignée par le même nom. Cela ne relève pas d’une erreur de la science ou de la connaissance elle-même… mais plutôt de l’individu lui-même. Parce que c’est lui qui change et détourne le chemin de cette connaissance de ce par quoi est venue la Science Véritable dont la réalité se trouve dans la religion.
Pourquoi cela ? Celui qui par exemple étudie la physique ou la chimie, comment peut-on dire que ce ne sont pas des sciences.. ?
Elles sont effectivement des sciences, mais uniquement dans la mesure où elles mènent le savant ou l’étudiant à l’Unicité du Créateur ﷻ. Si au contraire on recourt à cela pour fabriquer des bombes atomiques ou des choses de ce genre, alors évidemment on détourne la finalité de cette science, on la falsifie, si bien que la dite science cesse d’être considérée comme telle.
Toute science qui ne mène pas à l’adoration ne saurait être considérée comme étant une science. Allâh ﷻ dit en effet : « Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils m’adorent [7] », et dans le tafsir connu de sayidina ibn ‘Abbâs (radiAllâhu ‘anhu), « que pour qu’ils m’adorent » signifie : que pour qu’ils me connaissent. La science et l’adoration ne peuvent en aucun cas être dissociés l’une de l’autre. La science et l’adoration viennent ensemble. La Science véritable, c’est la Science qui réunit et synthétise l’ensemble de toutes les ramifications existantes du Savoir : « et Il enseigna à Adam tous les noms [8]. » C’est cela, la Science (al-‘ilm). La Science, c’est cette synthèse qui nous rapporte toutes les filières possibles du Savoir. La Science est Unique, ce sont ses filières qui sont multiples. Il en est de même pour la Lumière du Seigneur ﷻ : « Allâh est la Lumière… [9] », au singulier. Mais la Lumière de quoi ? « …la Lumière des cieux et de la Terre » : ici apparaît la multiplicité.
« un exemple de Sa Lumière est tel que… » on retrouve ici le singulier pour l’exemple de manifestation de la Lumière divine. « …tel qu’une Niche dans laquelle se trouve une Lampe. La Lampe est dans un Cristal, et le Cristal est semblable à un Astre de grand éclat. » il s’agit donc bien d’une Lumière unique, mais qui se manifeste sous de multiples formes, lesquelles sont les dérivations des quatre exemples mères de manifestation de la Lumière… bien qu’en vérité ces exemples soient au nombre de sept, car parmi les exemples se trouve également l’Arbre, l’huile éclairante, le feu… et la somme de tous les exemples de manifestation de la Lumière est de sept. Ceci dit, la Lumière en elle-même est et demeure une Lumière Unique.
La Science englobante et unique ne vient que de l’Unique, l’Exclusif. C’est pourquoi Allâh ﷻ chargea Ses Prophètes, Ses Messagers et Ses Saints de transmettre aux gens ce Savoir. Et au sujet de cette Science, il n’y a aucune divergence possible entre eux. Les Prophètes sont unis par la même Science, ils marchent dans le même sens… contrairement aux représentants des autres filières du savoir. Les pensées, les idées, les compréhensions, les intellects divergent les uns avec les autres… quant à la Science de la Noubouwa, elle est unique et absolument exempte de toute divergence. Tu ne peux pas nous ramener l’exemple d’un Prophète qui aurait divergé avec un autre Prophète. C’est impossible. De même qu’en aucun cas tu ne peux nous ramener l’exemple d’un Waliy qui contredirait la Science d’un autre Waliy. Ceci diffère des autres groupes, dans la Communauté… chaque secte prétendant être plus pure et plus véridique que les autres. Il y a des divergences, et ces divergences sont dues au fait que ces groupes ne se sont pas construits sur base de la Science unique et indicatrice de l’Unicité du Créateur ﷻ. C’est donc parce que leurs fondements reposent sur autre que cette Science que sont apparues les divergences.
[1] Rapporté par al-Boukhariy et Muslim.
[2] Rapporté par Ahmad.
[3] Sourate al-Baqara, verset 31.
[4] Le Hadîth entier : « Pendant que nous étions chez le Prophète ﷺ, un homme vint et dit :
– Ô Messager d’Allah ! Je suis perdu !
– Le prophète dit : Qu’est-il arrivé ?
– J’ai eu commerce avec ma femme alors que je jeûnais !
– Es-tu dans la possibilité d’affranchir un esclave ?
– Non, je ne peux pas !
– Peux-tu jeûner deux mois consécutifs ?
– Non, je ne peux pas !
– Peux-tu nourrir soixante pauvres ?
– Non, je ne peux pas !
Le Prophète ﷺ garda le silence, et nous restâmes assis auprès de lui jusqu’au moment où une personne apporta un panier de dattes.
– Où est celui qui vient de m’interroger ? Reprit le Prophète ﷺ.
– Me voici, répondit l’homme.
– Prends ceci et donne-le en aumône.
– Dois-je le donner à plus pauvre que moi, Messager d’Allah ? Je jure par Allah qu’il n’y a pas entre les deux pierrailles ou regs de Médine (c’est-à-dire dans Médine) une famille plus pauvre que la mienne. Le Prophète ﷺ se mit à rire jusqu’à apercevoir ses canines puis il dit :
– Prends-le et nourris-en ta famille. » [Rapporté par Muslim]
[5] Sourate al-A’râf, verset 143.
[6] Sourate al-Baqara, verset 260.
[7] Sourate ad-Dhâriyat, verset 56.
[8] Sourate al-Baqara, verset 31.
[9] Sourate al-Noûr, verset 35.