أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بـسم الله الرحمن الرحيم
بـسم الله الرحمن الرحيم بـسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله بسم الله
بسم الله
الله الله الله
ولا حول ولا قوة إلا بالله
Pratiquer le dhikr comme il se doit (qiyâman)
Résumé de l’assise du 26 Octobre 2018 / Jumu’a 16 Safar 1439 [Partie 1] :
Nous revenons à la Hadra de la lecture du lâm al-‘ishq par le Alif indicateur de l’Unicité divine, au travers du maqâm du athar de la risâla. En vue d’atteindre la compréhension d’un degré fondamental, à savoir le sanad et son athar dans le cheminement spirituel, nous nous baserons sur un verset coranique… La semaine passée nous avions parlé du tawassul qui se réalisait au travers du suivi conforme et de l’effacement de soi en l’Arbre de la silsila. Cette fois ci, nous ajouterons à cela le wird, c’est-à-dire le dhikr qui se pratique après en avoir obtenu la permission (idhn), afin de tirer un fruit spirituel concret de cette pratique.
Allâh dit : « Ô croyants, évoquez Allâh abondamment [1] ! » il s’agit donc d’une pratique qui n’est pas limitée à un nombre de répétition ni à un temps particulier, et qui doit être fait de manière abondante. On retrouve là une certaine notion de la pratique perpétuelle du dhikr, encore évoquée dans cet autre verset : « Ceux qui évoquent Allâh, debout, assis et couchés sur leurs côtés [2]… » et pour revenir à ce verset, particulièrement au passage qui précise « et couchés sur leurs côtés », car ici, le disciple paresseux se plait à pratiquer le dhikr selon cet état, qui est le plus bas des états mentionnés par ce verset. En réalité, le Seigneur ﷻ a exprimé les choses d’une manière on ne peut plus explicite, et pour être tout à fait exact, il est fait mention de celui qui évoque Allâh, non pas « debout », comme on a souvent tendance à le comprendre… mais plutôt « qiyâman ». Et le qiyâm renvoie justement à la réalisation comme il se doit de ce dhikr, c’est-à-dire en en respectant tous les fondements, en s’imposant une discipline stricte, en l’accompagnant de présence spirituelle et de méditation. Alors, on peut effectivement dire de ce dhikr que tu le réalises comme il se doit (qiyâman). Ici donc, la qiyâm ne renvoie pas à la stature debout, comprenons les choses comme il se doit.
Puis le Vrai dit « qou’oûdan », c’est-à-dire que toi, dans l’assise de dhikr à laquelle tu prends part, tu te dois de t’y tenir d’une manière qui sied à la situation. Et si tu lisais les rasâ’il de Moulay al-‘Arbiy ad-Darqâwiy, tu y retrouverais qu’il y a une manière spécifique de s’asseoir, et que le Shaykh va jusqu’à maudire la personne qui contreviendrait à cette bienséance dans l’assise de dhikr. Le qou’oud renvoie donc à une manière bien précise de s’asseoir. Tu ne fais pas ce que tu veux comme tu le veux, selon ce qui fait que tu es à l’aise ou non. Non, si tu fais cela, alors tu retournes à l’état des gens du commun. Quand bien même tu serais du nombre des gens ayant fait la khalwa, tu ne pourrais percevoir aucun flux spirituel de ton dhikr.
Tu te dois donc d’accomplir le dhikr conformément au premier degré évoqué, à savoir : « qiyâman ». C’est-à-dire que ton dhikr doit être un dhikr par la langue, par le cœur, par la pensée, par la nage (sibâha, tasbîh) en l’Essence divine, et par la recherche de la protection divine contre le châtiment de l’enfer… et attention, il est important de noter que le verset fait mention de la recherche de protection contre le châtiment du feu… et non pas d’une protection contre le feu :
« Ceux qui, debout, assis, couchés sur leurs côtés, invoquent Allâh et méditent sur la création des cieux et de la terre : « Seigneur! Tu n’as pas créé cela en vain. Soubhânak ! Garde-nous du châtiment du Feu ! » [3]. » Protège nous Seigneur du châtiment du feu qu’est l’état d’insouciance (ghafla)… ne nous protège pas uniquement de l’insouciance, mais protège-nous du châtiment qu’elle inflige. Car si tu étais plongé dans l’insouciance, mais sans en subir son châtiment, alors tu aurais goûté à l’état de Proximité au cœur même de la ghafla. Tu aurais alors été du nombre de ceux qui sont perpétuellement plongés en état d’évocation et de mention du Nom divin.
Seulement nous, systématiquement, nous comprenons le verset dans sa forme première mais sans en saisir le contenu ni les fondements ésotériques que recèle sa dimension occultée (bâtin). C’est ce qui fait que nous interprétons ce verset selon une compréhension superficielle : « Ceux qui évoquent Allâh debout… » mais au passage, pourquoi les gens de science ont-ils dit que l’évocation d’Allâh debout (qiyâman) renvoyait ici à la prière ?
Simplement parce que la prière a des conditions, des obligations, des actes sunna, des actes méritoires, des choses que tu es autorisé à faire ou à ne pas faire, au début de la prière, à la fin de la prière, etc. C’est la raison pour laquelle nous pouvons ici parler d’accomplissement (qiyâm) de la prière, c’est-à-dire conformément aux impératifs établis par la Loi divine. A partir de là, il s’agira pour toi de comprendre le réel sens du dhikr, à quoi cela renvoie-t-il réellement ?
Il ne s’agit pas de simplement dire « J’évoque Allâh… », comme ça, sans plus. Non. De cette manière, fais du dhikr autant qu’il te plaira : tu n’en tireras jamais aucun fruit.
A partir de quand, ou comment pourras-tu tirer un fruit de ton dhikr ?
Lorsque tu l’accompliras conformément à ce qu’en attend de nous le Seigneur ﷻ. Tu dois donc veiller à réunir toutes les conditions indispensables au dhikr. Et parmi ces conditions : « Dans des maisons que Allâh a permis (idhn) qu’on élève et dans lesquelles Son Nom est mentionné [4]… » si ton cœur (ta maison) n’a pas reçu le idhn d’être élevée, alors il ne peut pas, il est incapable de mentionner Allâh. Quand bien même ta langue prononcerait Son Nom en continu. Sans la permission (idhn) de pratiquer le dhikr, ce dernier n’est que sécheresse et infertilité, tu n’en tireras jamais aucun fruit.
Donc si tu accomplis le dhikr comme il se doit (qiyâman), avec tout ce que cela implique, en ayant une certaine compréhension des fondamentaux et du déroulement d’une assise de dhikr, de la manière de s’asseoir… en comprenant également le sens de « jounoub », que l’on retrouve dans la suite du verset « couchés sur leurs côtés (jounoubihim) »… qui implique par exemple le fait d’être couché sur le côté droit, en direction de la qibla… et qui ne te mène en réalité qu’à la compréhension de « Le sommeil du ‘arif est une adoration ». C’est alors que l’on pourra considérer qu’effectivement, tu as atteint le degré de maîtrise de ces trois fondements. Suite à cela, tu pourras te pencher et entrer dans le domaine de la méditation.
Quant à celui qui n’a pas respecté et ne s’est pas pleinement conformé aux règles de bienséance précédemment évoquées, il n’a simplement aucune part dans la méditation. Ne prends pas le verset comme ça te chante : « fais du dhikr sur ton âne, en marchant dans la rue, ou peu importe la situation… » Non. Alors effectivement, même sur ton âne, fais du dhikr… mais pratique le dhikr dans ces situations si par ailleurs tu te réserve un temps et si tu as l’habitude de le pratiquer avec tous les impératifs de bienséance qu’il requiert. Car chez les gens de l’élite, le dhikr est en réalité une prière… c’est pour les gens du commun que le dhikr se pratique comme on veut, à sa guise.
[1] Sourate al-Ahzab, verset 41.
[2] Sourate Âlu ‘Imrân, verset 191.
[3] Sourate Âlu ‘Imrân, verset 191.
[4] Sourate an-Nour, verset 36.