Les sens profonds de l’éclipse

أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بـسم الله الرحمن الرحيم
بـسم الله الرحمن الرحيم بـسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله بسم الله
بسم الله
الله الله الله
ولا حول ولا قوة إلا بالله

Les sens profonds de l’éclipse

Résumé de l’assise du 3 Août 2018 / Jumu’a 14 Dhou l-Qi’da 1439 [Partie 1] :

Cette siyâha (pérégrination) de laquelle vous êtes revenus, était en réalité une siyâha dans le cadre de la trace (athar) de la risâla… et encore une fois, si nous parlons de « athar », c’est parce que nous ne sommes pas en droit de parler directement de risâla, du fait de la multitude de nos péchés et de notre faible compréhension des messages transmis par sayidina al-Mustafa ﷺ. Nous nous contentons donc de transmettre de lui ne serait-ce qu’un signe (ayah) d’entre ses signes ﷺ, disant qu’il s’agit là d’une trace (athar) de sa risâla ﷺ. Et puisque nous ne sommes pas capables de transmettre sa risâla dans son entièreté, nous ferons en sorte d’en transmettre au moins un signe, en vertu de l’ordre qu’il ﷺ nous adressa en ces termes : « Transmettez de moi ne serait-ce qu’un signe (ayah). » Voilà donc ce à quoi renvoie le moindre fait et geste de celui qui véritablement aimera sayidana al-Mustafa ﷺ. Quant à celui qui se considère du nombre des gens de la raison et de l’intellect, de ceux qui saisissent et comprennent les messages de sayidina al-Mustafa ﷺ, celui-là n’a en vérité aucune part, excepté dans les « on dit ».

Sayiduna al-Mustafa ﷺ a diversifié et multiplié les sens de ses paroles, et c’est sa Lumière qui permet d’en révéler les différents degrés ou points de vue. Il dit ainsi, à titre d’exemple : « La première chose que Allâh créa c’est la Lumière de ton prophète, à partir de Sa Lumière, ô Jâbir [1]. » Sa réponse était spécifiquement adressée à Jâbir, comme si nul autre que lui n’avait connu la prophétie de al-Mustafa ﷺ. Il a dit : « C’est la Lumière de ton prophète », et non pas « C’est la Lumière de votre prophète. » En ces Hadîths se trouvent des signes allusifs (ichâra) renvoyant au athar de la risâla, et destinés tantôt à un compagnon en particulier, tantôt à un groupe bien déterminé d’entre eux.

Dans un autre Hadîth, il ﷺ engloba l’ensemble de tous ses compagnons et dit : « Mes compagnons sont comme les étoiles : quel que soit celui que vous suivrez, vous serez bien-guidés [2]. » Donc cette Lumière, qui est le athar de la risâla, ou l’ensemble de toutes les étoiles, correspond en réalité à l’ensemble de tous les compagnons. De sorte que toute personne qui contemplera l’Etoile dans son cœur, au travers du suivi qu’il réalisera d’un compagnon d’entre les compagnons de sayidina al-Mustafa ﷺ, son cheminement sera un cheminement Seigneurial authentique, parfaitement conforme au Coran et à la Sunna.

A son sujet ﷺ, Allâh nous informa et dit de lui qu’il est : « un flambeau illuminant [3]. » C’est-à-dire qu’il a une multitude de facettes, et une multitude d’états différents, raison pour laquelle, dans cette étude du Alif al-mouqaddar par le lâm al-‘ishq, nous parlons de « athar » de la risâla, c’est-à-dire d’une trace de la risâla, et non pas de la risâla elle-même, dans sa globalité. Mais à partir du moment où il ﷺ est le premier et le sceau des prophètes, de même sa risâla s’étend sans interruption depuis l’époque de Adam (‘alayhi s-salâm) jusqu’à son parachèvement, par la Grace du Seigneur ﷻ, qui dit : « Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous [4]. » de sorte que cette religion, al-Islâm, la religion du Seigneur ﷻ… n’est autre que la risâla de sayidina al-Mustafa ﷺ.

Les traces (athar) de la risâla ont varié, en fonction du temps et du détenteur de la markaziya, selon l’époque. C’est pour cette raison que les Lois divines varièrent d’un messager à l’autre, depuis sayidina Adam (‘alayhi s-salâm) jusqu’à nos jours, où les savants des différentes écoles de jurisprudence ont continué à diversifier leurs avis juridiques. Ceci est intervenu après la venue de sayidina al-Mustafa ﷺ, et nous disons que ce fut non pas pour clarifier le message, mais plutôt pour l’adapter aux gens, en fonction de ce qui convient le mieux à l’Homme, dans un contexte donné. Ils donnèrent ainsi des avis qui n’avaient auparavant jamais été donnés, évidemment toujours fondés sur le Coran et la Sunna, mais que sayiduna al-Mustafa ﷺ n’avait pas forcément rapporté, du moins pas de la même manière.

C’est donc cela que nous désignons comme étant le athar de la risâla : ton adoration, ta compréhension, tes mouvements… tout cela ne constitue en réalité qu’une particule d’entre les particules par lesquelles il ﷺ traça et fit apparaître un trait, lorsqu’il traça et fit voyager (siyâha), d’une nage dans le sable, avec un point de départ et un point qui scellerait (khatm) cette évolution… au terme de quoi il dit ﷺ : « Voici la Voie d’Allâh, suivez-la donc, et ne suivez pas les sentiers (qui s’en écartent) [5]. »

Ce mois-ci, nous sommes entrés dans quelque chose de nouveau, nous avons établi un tracé (rasm) auquel nul n’aurait pu s’attendre… quelque chose qui n’était prévu et établi qu’auprès du Seigneur ﷻ. C’est en effet au cours de ce mois béni qu’eut lieu une éclipse de lune (khousoûf). Or, le Messager d’Allâh ﷺ nous a laissé, à l’occasion de l’éclipse lunaire ou solaire, la Sunna de la prière, de la peur et du fait de se réfugier dans l’imploration du pardon divin… ainsi que la prière en groupe, dans le cas où ce serait une éclipse solaire. Si en revanche l’éclipse est lunaire, la Sunna nous enjoigne à prier individuellement, chacun chez soi.

Durant ce mois, nous avons donc vécu une éclipse lunaire. Une éclipse qui, selon les spécialistes en la matière, n’a pas eu son pareil depuis 80 ans. L’éclipse fut totale, car elle intervint dans l’une des nuits au cours desquelles la lune est pleine. Et lorsqu’on dit que l’éclipse fut totale, cela veut bien dire qu’absolument aucune partie de la lune n’est restée apparente. Ce cas est bien distinct de celui dans lequel une partie seulement de la lune aurait été cachée. Celui donc qui se sera réveillé et aura pris conscience de l’état dans lequel il se trouve plongé, celui-là aura fait tawba, et il sera revenu à son Seigneur. Il se sera consacré à l’istighfâr et à la prière sur le prophète élu ﷺ, selon l’ampleur de l’éclipse. Il se sera remémoré les théophanies et les manifestations sur lui de la Beauté et du bienfait du Seigneur, ainsi que ses états d’insouciance et ses péchés, afin de se repentir et faire tawba de son égarement. Il aura ainsi persisté dans le dhikr, jusqu’à ce que la lune réapparaisse dans son état initial.

L’éclipse est un signe par lequel notre Seigneur nous fait peur. Car le lien que la lune entretient avec la terre n’est pas négligeable : la lune stabilise la rotation de la terre, elle est à l’origine des marées, elle permet de calculer les mois… sa présence est donc indispensable. Et cette lune, notre Seigneur l’a décrite dans le Coran comme étant « illuminée (mounira) », son degré d’illumination variant en fonction des jours… ceux où l’illumination est totale ayant été directement liés au dhikr, puisque sayiduna al-Mustafa ﷺ nous enjoint à jeûner les trois jours blancs, c’est-à-dire les jours durant lesquels la lune est pleine. Par ailleurs, ce qui marque le début du jeûne du mois de Ramadan, c’est bien la vision du croissant de lune, puis de nouveau lorsque vient le temps de rompre le jeûne, et ainsi de suite. Tout est calculé et déterminé en fonction de la lune. Le rôle de la lune n’est donc pas quelque chose de simple, à prendre à la légère. Tout est déterminé par elle, y compris le cheminement spirituel du disciple, au travers des théophanies qui lui parviennent. Ainsi, sayiduna Ibrahim (‘alayhi s-salâm) accéda, comme nous le décrit le Coran dans sourate al-An’âm, à la réalisation de la ma’rifa au travers de la vision qu’il expérimenta de l’étoile, de la lune et du soleil. Et toi de même, en tant que cheminant vers la réalisation de cette ma’rifa, tu te bases sur cela. Telle est notre Sunna.

Il ne s’agira donc pas de simplement regarder la lune, regarder pour regarder, sans plus, sans prendre la peine de sonder et percevoir les sens profonds et les signes divins qu’il incombe à tout un chacun de percevoir, jusqu’à atteindre la pleine réalisation de la transcendance divine (tanzîh) : « Exaltée soit Ta transcendance [6]. », de sorte que son évolution ne soit plus qu’une nage dans l’Essence du Vrai ﷻ.


[1] Rapporté par al-‘Ajloûniy – kachf al-khafâ’ – Hadîth n°827.
[2] Rapporté par al-Bayhaqiy – al-madkhal – Hadîth n°152.
[3] Sourate al-Ahzâb, verset 46.
[4] Sourate al-Ma’ida, verset 3.
[5] Rapporté par Ahmad.
[6] Sourate Âlu ‘Imrân, verset 191.

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