بسم الله الرحمن الرحيم
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Comment Qabil devint-il Iblîs
Résumé de l’assise du 23 Février 2018 / Jumu’a 8 Jumada II 1439 [Partie 2] :
Tout disciple cheminant vers Allâh ﷻ se doit de se purifier de cette ignominie qu’est le hasad, puis de se purifier de toute forme de chirk apparent ou caché, ainsi que de tous les péchés intérieurs qui invalident annulent les œuvres accomplies… et cela n’est possible qu’en travaillant à la réalisation de la sincérité pure (al-ikhlâs). C’est-à-dire que l’individu doit faire plus d’efforts sur son intérieur que sur son extérieur. Il doit travailler et œuvrer pour la guérison de ces maladies du cœur. Il doit nettoyer et purifier ce cœur, jusqu’à ce que ses œuvres soient acceptées auprès du Créateur ﷻ.
Le chirk al-jaliy, l’associationnisme apparent, qu’Allâh nous en préserve, c’est la sortie de la religion, soit l’apostasie. Allâh ﷻ dit : « Certes, Allâh ne pardonne pas qu’on Lui donne quelqu’associé. À part cela, Il pardonne à qui Il veut. Mais quiconque donne à Allâh quelqu’associé commet un énorme péché. » [1]
Quant au chirk al-khafiy, l’associationnisme caché, le Messager d’Allâh ﷺ dit : « « Ce que je crains le plus pour vous, c’est le petit chirk » Les compagnons dirent : qu’est-ce que le petit chirk, ô Messager d’Allâh ﷺ ? Il répondit : « C’est l’ostentation. » » [2]
En évoquant les caractères exécrables de l’homme, nous avions commencé par évoquer la jalousie… et maintenant, nous nous penchons sur l’ostentation. Car ce sont là les caractéristiques de Iblîs. Si tu veux apprendre à connaître Iblîs, ne le considère pas davantage comme un être créé que comme un ensemble et une réunion de certaines caractéristiques, à savoir en l’occurrence : jalousie, ostentation et vanité… Lorsque ces trois caractéristiques sont réunies en un seul individu : il s’agit tout simplement de Iblîs. Tant qu’il n’a pas réuni les trois, c’est-à-dire si l’individu a par exemple la jalousie et la vanité, mais pas l’ostentation, il est alors considéré comme quelqu’un qui a certaines caractéristiques propres à Iblîs.
C’est comme pour l’hypocrite : conformément au Hadîth, ses caractéristiques sont au nombre de quatre : lorsqu’il parle, il ment ; lorsqu’il prend la charge d’un dépôt, il trahit, lorsqu’il s’engage à quelque chose, il ne s’y conforme pas ; et lorsqu’il se dispute, il devient grossier. Si quelqu’un a seulement une de ces caractéristiques, on dit de lui qu’il a une caractéristique d’entre les caractéristiques des hypocrites, mais pas qu’il est hypocrite. Pour pouvoir affirmer qu’il s’agit bien d’un hypocrite, il faut que ces quatre caractéristiques soient réunies en lui. De même donc, lorsque la jalousie, l’ostentation et la vanité sont réunies en un seul et même individu, cette personne est désignée comme étant Iblîs. Que chacun, encore une fois, fasse une introspection en lui-même, et considère son propre état concernant ce que nous disons…
Puis, il s’agira de veiller à ne jamais rechercher l’élévation pour sa nafs, ni de la défendre, excepté pour ce que la Chari’a aura rendu obligatoire. Les gens d’Allâh ont ainsi dit du Soufi : Son sang est permis, ses biens sont licites, et il ne cherche pas à défendre sa nafs, ne serait-ce que par des invocations.
Le Soufi n’invoque pas pour lui-même, il ne prête pas attention à ce qui se passe autour de lui. Soit il invoque et demande la Miséricorde divine pour celui qui lui cause du tort, soit il se tait. Si l’individu est vraiment un Soufi, et s’il recherche véritablement l’éducation de sa nafs : dans le cas où il n’aurait pas la force d’invoquer en faveur de celui qui le prend en ennemi, qu’il se taise. Cela vaut bien mieux que d’invoquer contre lui, car s’il agit ainsi, il contrevient à la Sunna de sayidina al-Mustafa ﷺ, qui disait toujours : « Allâhumma pardonne à mon peuple, car ils ne savent pas. » ces gens qui l’ont combattu, lui a invoqué pour eux la Miséricorde divine ﷺ, et il fut peiné du fait qu’ils ne savaient pas, c’est-à-dire qu’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient. C’est comme ceci que le cheminant doit agir.
Après que Qabil se soit rendu coupable du meurtre de son frère, après que les caractéristiques les plus basses et viles soient apparues dans son cœur, puis se soient manifestées en actes sur la main, sur la langue, les yeux, les pieds… de même que se manifestent les caractéristiques opposées, les caractéristiques célestes, conformément au Hadîth du Waliy : « Je deviens son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa main par laquelle il saisit… ». Donc lorsque les trois caractéristiques sont réunies en un seul et même individu, sa main devient la main de Iblîs, son ouïe l’ouïe de Iblîs, sa vue la vue de Iblîs, sa langue la langue de Iblîs… c’est-à-dire qu’il deviendra lui-même Iblîs !
Voilà ce qu’il est arrivé à Qabil. Après le meurtre de son frère, il se trouva donc face à face avec celui qui lui avait insufflé cet acte, à savoir le Shaytan (Iblîs). À présent, il a tué son frère, tout est terminé. C’est-à-dire que les trois caractéristiques sont pleinement apparues en lui, de sorte que cette réunion des trois caractéristiques a commencé à marcher, manger, boire, dormir sur la terre… après qu’elles n’aient été que des caractéristiques latentes, se manifestant au travers de waswas seulement. À présent, elles se sont matérialisées, en chair et en os, dans la forme d’un être humain… et évidemment, après avoir commis ce qu’il avait commis, il avait la certitude de ne plus jamais pouvoir revenir en arrière, et il se savait à jamais banni de la Miséricorde divine. De ce fait, sachant qu’il ne pourrait plus jamais revenir vers Allâh ﷻ, il prit pour ami et compagnon le Shaytân.
Il se savait banni de la Miséricorde divine ainsi que de celle de Adam et des siens, puisque ce dernier avait déjà révélé le statut juridique dans la Loi divine, avant que Qabil n’aille si loin dans son égarement… il lui avait bien dit que Aqlima ne lui était pas licite. Puis, il lui proposa de rapporter une offrande, de sorte que si elle était acceptée, il pourrait alors se marier avec elle, car le Créateur ﷻ changerait dès lors la Loi établie. Mais à partir du moment où le sacrifice de Qabil ne fut pas accepté, c’est bien que la règle établie par Adam (‘alayhi s-salâm) était effective et ne pourrait jamais être changée.
Tout ceci découle de la Sagesse divine, afin que s’engage la lutte éternelle entre la Lumière et les ténèbres. Parce que c’est bien là que la confrontation débuta. Au début, malgré la descente de Adam (‘alayhi s-salâm) sur terre, les choses demeuraient cachées, latentes. Puis par la suite, le Shaytân prit des disciples parmi les hommes, le tout premier d’entre eux étant Qabil. Il lui enseigna ses ruses, l’art de falsifier et faire passer le faux pour vrai, il lui insuffla de vains espoirs, emplit son cœur d’ambitions… Le fils oublia alors les leçons du père, et il ouvrit la voie de la perdition, en tant que premier et dernier… parce que de fait, si Qabil n’avait pas été le premier à renier ainsi les bienfaits de son Seigneur, cela ne se serait pas reproduit jusqu’à nos jours… de sorte que, en ces temps qui sont les nôtres, c’est comme si l’ascendance de toute personne faisant preuve de mauvaise conduite sur terre remontait jusqu’à son aïeul Qabil. Tout pervers, et tout égaré, si tu cherchais par voie de dévoilement (kashf) dans sa généalogie, tu découvrirais que sa lignée remonte jusqu’à Qabil. Il est le premier à avoir mis en pratique et manifesté ce que le Shaytân rapporta sur terre en termes de choses basses et viles, auxquelles il ajouta des sciences de sorcellerie et de contradictions de la religion. Il commença ainsi à faire valoir que la religion était de la sorcellerie, et que la sorcellerie était de la religion. Telle fut la science de Iblîs apparaissant en Qabil, à ce moment-là.
Et à partir du moment où le signe d’acceptation divine (de l’offrande) avait été le feu… en vérité, il s’agissait de la lueur chatoyante d’une Lumière descendant depuis le ciel… mais le Shaytân se servit de cela pour établir que le feu était le maître et celui qui exauce ses serviteurs… de sorte que Qabil et les siens se mirent à adorer le feu. Ils ne réalisèrent pas que cette indication ou ce signe (ichara) initial n’était qu’une manifestation de la Lumière, dans l’apparence de flammes. C’est pour cela que dans notre Tariqa, nous disons et répétons sans cesse à ceux qui évoluent dans leur cheminement au travers de visions d’images différentes, ceux qui perçoivent différentes théophanies : effectivement, ce sont bien des théophanies du Créateur ﷻ, ce sont des Messages qui te sont adressés, et il t’incombe de comprendre pourquoi ils te sont adressés. Mais n’oublie jamais de revenir à la base fondamentale de toutes ces manifestations, à savoir, la Lumière, que tu retrouves mentionnée dans le Coran : sacralise-la et donne-lui donc plus d’importance qu’à toute autre chose ! Si tu n’accordes pas d’importance à la vision de la Lumière, mais que tu en accordes à l’image finie qui en découle… il se peut que tu finisses par tomber et sombrer dans ce en quoi t’ont précédé ceux qui vinrent avant toi…
Iblîs poussa Qabil à quitter la terre de son père et des siens, en emportant avec lui son épouse, vers des contrées lointaines, où il s’installa pour fonder une famille. Puis, la famille grandit et s’élargit, pour devenir un peuple, qui œuvra dans l’expansion des ténèbres et dans la lutte contre la religion, contre les Prophètes et les Saints, se confrontant à eux en les traitant de menteurs et en les dénigrant, en les combattant, et en les tuant. Ici débuta la lutte contre les Prophètes et contre la religion d’Allâh ﷻ. L’exemple de ces communautés est largement évoqué dans le Livre d’Allâh ﷻ : « N’as-tu pas vu comment ton Seigneur a agi avec les ‘Aad, avec Iram (la cité) à la colonne remarquable, dont jamais pareille ne fut construite parmi les villes ? Et avec les Thamûd qui taillaient le rocher dans la vallée ? » [3] c’est-à-dire ces communautés que le Coran désigne comme faisant partie des premiers hommes, soit ceux qui peuplèrent la Terre avant le déluge qui eut lieu à l’époque de sayidina Noûh (‘alayhi s-salâm).
Nous avons donc ici un père qui est descendu du Paradis et qui a eu deux fils. Ici, nous ne considérons pas Chîth, mais seulement les deux premiers frères Qabil et Habil. Les deux frères tirent leur ascendance biologique de Adam (‘alayhi s-salâm), mais concernant l’ascendance spirituelle, l’un des deux s’est rattaché au Shaytân. Cet établissement du sanad est absolument indispensable… y compris en ce qui concerne les lettres de l’alphabet.
La première lettre à être descendue est le Alif (ا), suivi du dal (د), puis du mîm (م), ce qui donna Adam (ادم), en ce qui concerne l’apparence humaine. Quant à l’alphabet tel qu’il était originellement ordonné, il n’est évidemment pas le même que celui que nous enseignons aujourd’hui dans les écoles, à savoir, dans l’ordre : Alif, ba, ta, tha… comme si pour ces lettres, le sanad était nouveau, innové.
Quant au sanad véritable permettant d’étudier les lettres, c’est : Alif, ba, jim, dal, ha, waw, zay, Ha, Ta, ya… etc.
La première lettre est le Alif, suivi du ba. Si l’on considère les deux premières lettres, on obtient le mot ab/اب (père), tandis que la troisième et quatrième lettre constituent le mot jadd/جد (grand-père)… les lettres de la langue arabe sont donc elles aussi à prendre et à enseigner selon un sanad. Ab, puis jadd, et puis les cinquième et sixième lettres nous donnent quoi ? Huwa/هو.
La lettre mère est le Alif, puis la première lettre qui en découle est le ba, puis la seconde est le jîm, puis le dâl, et ainsi de suite. C’est-à-dire que si tu renies la nécessité du sanad dans la Science… ne vois-tu pas que même les lettres de l’alphabet sont apparues en mettant en valeur ce sanad ?
Et ces lettres avec cet ordre donné, si tu allais voir sayidina Idrîs ou sayidina Sâleh (‘alayhima s-salâm)… car il s’agit là de deux prophètes qui furent suscités avec la langue arabe… tu trouverais qu’il utilisaient cet ordre alphabétique précis. Mais aujourd’hui, en cette époque de grande falsification qui est celle que nous vivons, une falsification qui va jusqu’à affecter la langue arabe, on a changé l’ordre des lettres de l’alphabet. L’alphabet a été falsifié, il continue de l’être aujourd’hui, et Allâh sait mieux jusqu’où cela ira…
Quoi qu’il arrive, dans l’ordre alphabétique originel comme dans le contemporain, le père (ab/ اب ) demeure non-souillé : Adam (‘alayhi s-salâm). Car le problème est apparu dans sa descendance. Lorsque Habil mourut et que Qabil fut banni, les enfants qui suivirent vécurent en conformité avec l’enseignement de Adam (‘alayhi s-salâm), particulièrement au travers de sayidina Chîth, au travers duquel le statut de Adam passa de père ( اب ) vers celui de grand-père ( جد ). Et après cela, que va-t-il apparaître ?
Apparaitra la Hawiya du Créateur ﷻ, ou autrement dit : la croyance (‘aqida). Et dans quoi apparaîtra la ‘aqida ?
Evidemment, elle apparaîtra dans les petits-enfants et les générations futures qui seront dans le suivi de sayidina Adam (‘alayhi s-salâm) concernant la Science des Noms divins. Apparaîtront sayiduna Chîth, puis ses successeurs jusqu’à sayidina Noûh (‘alayhim s-salâm), qui feront apparaître les règles et les Lois du Créateur ﷻ et ce, sans Livre révélé. Car durant toute cette période il n’y a pas eu de Livre, ni de tablette, comme se l’imaginent les ignorants. Ils pensent ainsi que l’Islam est apparu avec le Zaboûr, la Thora et l’Evangile… alors que non, l’Islam était apparent bien avant cela déjà ! Sayiduna Adam (‘alayhi s-salâm) n’a rapporté aucun de ces Livres, pas plus qu’il n’a apporté de feuillet ni d’écritures quelles qu’elles soient.
Comprenons donc que l’emplacement de l’écriture première, c’est le cœur ! C’est le cœur, en considération de la forme corporelle humaine… mais en sa considération élevée et céleste, cette écriture s’inscrit avant tout dans l’esprit de l’Homme. S’ensuit l’inscription dans le cœur. Après quoi, si cette inscription dans le cœur se révélait sincère et véridique, elle ferait apparaître le fruit originel, à savoir : les bases fondamentales de cet enseignement, que nous désignons dans la série de cours actuels comme étant le moustaqarr de la Noubouwa.
Par conséquent toi aussi, si tu entends prétendre au Souffle pur de l’Esprit et à l’étude des règles permettant de comprendre les Messages incréés, gravés dans ton cœur sous forme de théophanies… alors fais en apparaître le fruit dans tes petits-enfants, qui ne sont pas comme tu te l’imagines des petits garçons ou des petites filles… mais plutôt ton propre corps ! Ta main, ton pied, ta pensée, ton intellect… et voilà pourquoi sayiduna ibn ‘Ajiba (rahimahullâh) disait que la bay’a apporte la baraka dans la descendance de ceux qui la contractent et qui s’y conforment, jusqu’au Jour du Jugement. Cela ne vaut évidemment que pour ceux qui se conforment à l’engagement… car pour celui chez qui il est égal que ses actes soient conformes ou non, qu’il sache qu’il n’est nul autre que Qabil. Pour celui chez qui la Lumière est égale aux ténèbres… veiller en dhikr est égal à dormir… celui pour qui il est égal que son Seigneur accepte ou non ses œuvres… telles sont les caractéristiques de Qabil. Que chacun considère donc son propre cas, et estime quelle est sa part ou son degré dans la personnalité de Qabil. Car ce n’est que comme cela qu’il pourra se purifier et revenir vers un état plus noble.
La personne qui suit et se conforme au sanad, tu le vois pleurer, toutes les larmes de son corps. Il a peur, il craint Allâh ﷻ. Dans un Hadîth, Oummouna ‘Aïcha (radiAllâhu ‘anha) demanda au Messager d’Allâh ﷺ : « Y a-t-il des gens qui entreront au Paradis sans jugement ? » Il répondit ﷺ : « Oui. Ce sont ceux qui, lorsqu’ils pensent à leurs péchés, se mettent à pleurer. »
Que penser donc de celui qui, lorsque tu viens lui dire qu’il a commis une erreur, te répond et engage un débat contre toi !? Tu lui dis qu’il a commis une erreur, sur base du Coran et de la Sunna… et lui te répond que non, moi ceci, moi cela… ou pire encore : il va se réfugier derrière la Haqiqa et les Secrets pour se justifier, comme si cela lui rendait tout permis et licite ! Que celui-là sache qu’il n’est nul autre que Qabil lui-même !
A l’inverse, celui dont les péchés font couler les larmes, celui qu’affecte profondément l’éloignement du divin, les ténèbres, celui qui a peur… qu’il sache qu’effectivement, il verra le fruit de cela dans ses petits-enfants, la Haqiqa des Lettres de l’alphabet se révèlera à lui… et pourquoi parlons-nous des lettres de l’alphabet dans le moustaqarr de la Noubouwa ? Parce que nous en aurons besoin dans l’étude du degré de la Risâla. Nous disons ainsi que le Messager ﷺ est venu avec une Risâla du Créateur ﷻ. Quant au messager que tu es toi, c’est que tu rapportes une risâla de la Source de la Wilâya jaillissant dans ton cœur, de sorte que tes règles, tes sentiments et tes pensées seront exprimées par ta langue… mais pour cela, tu as évidemment besoin de cet ordre précis et originel des Lettres de l’alphabet arabe.
[1] Sourate al-Nissâ’, verset, 48.
[2] Rapporté par Ahmad.
[3] Sourate al-Fajr, versets 6 à 12.