بسم الله الرحمن الرحيم
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Le miroir du Shaykh et le miroir d’Iblîs
Résumé de l’assise du 16 Février 2018 / Jumu’a 1 Jumada II 1439 [Partie 2] :
[…]
Ces Sciences ésotériques, Habil et Qabil les ont prises de Adam qui est adîm, c’est-à-dire perpétuellement… perpétuellement dans un état de rabaissement et d’humiliation vis-à-vis de son Seigneur ﷻ.
Dans cette Lecture, le Shaykh joue avec toi exactement le même rôle : tu le trouveras brisé, rabaissé, humilié vis-à-vis du Seigneur ﷻ, afin de te faire parvenir ce qui doit te parvenir, les enseignements et les Lois à tirer de ceux-ci… mais toi, tu n’as rien compris. Tu as vu le rabaissement du Shaykh, au point que peut-être tu aurais pu en composer un poème, ou écrire une histoire… et tu te dis ainsi « Le Shaykh, mashaAllâh… le Shaykh est tellement humble… »
Mais bouge-toi un petit peu, et sois humble toi-même ! Toujours à répéter la même chose : « Le Shaykh est humble… le Shaykh est humble… »
S’il agit ainsi, c’est pour toi ! C’est pour te faire parvenir les enseignements ! C’est pas pour que tu restes à le regarder faire, comme si tu regardais la télévision. « Le Shaykh est tellement humble, il se rabaisse à un point… » Et toi alors tu es quoi ? Tu es un fanfaron !? « Le Shaykh fait tellement d’effort, il a une patience extraordinaire… » Patiente toi-même ! Si le Shaykh patiente face à la sécheresse des cœurs, patiente toi d’abord, avec ton frère dans la Voie ! Cesse donc de regarder et observer, pour ensuite répéter aux autres. Non, regarde, et agis toi-même. Met en application cela ! Il y en a qui viennent et voient le Shaykh en train de travailler… par Allâh ils ne bougent pas le petit doigt pour l’aider ! Et lorsque Iblîs vient pour les tromper, ils viennent me jouer de leur art : « Donne, laisse-moi faire yâ sidi Shaykh… » Et pourquoi tu ne l’as pas fait avant !?
Réveille-toi donc, et agis… si tu es de ceux qui ont un intellect. Tu vois là que le Alif : tu n’y as aucune part. C’est pour cela que dans la Lecture du lâm al-‘ishq, nous n’avons pas pu donner ne serait-ce qu’un seul degré. Parce que cette Lecture toute entière est fondée sur les Actes. Et ça, nous ne le retrouvons chez personne.
Qu’est-ce que c’est que le lâm al-‘ishq ?
Le lâm al-‘ishq, c’est que tu voies toujours une seule et unique Qibla. Il s’agira donc pour toi d’étudier la pensée, l’amour, les penchants de cette Qibla… jusqu’à la devancer dans ce qu’elle attend que tu fasses. Parce que cette Qibla, sa pensée, ses penchants, ses envies, qu’est-ce que c’est ?
C’est elle qui te révèle par inspiration comment tu dois apprendre et comment tu dois interagir avec l’Etoile prééternelle. Mais toi, tout ce que tu fais, c’est regarder niaisement, pour venir ensuite raconter des histoires à tes enfants ou à tes voisins : « Ah le Shaykh… mashaAllâh… il s’assoit par terre… lui aussi il porte la derbala… »
C’est tout ce que tu as à raconter ? Raconte-le donc à toi-même, garde ça pour toi, applique le à toi-même, travaille cela ! Descends-toi aussi jusqu’au niveau de la terre… mais toi, ce n’est même pas au niveau de la terre qu’il faudrait que tu descendes, c’est carrément en dessous ! Sayiduna Adam (‘alayhi s-salâm), lorsqu’il est descendu sur terre, c’est parce qu’avant il était au Paradis ! Donc toi, si tu dois descendre, il faut que tu ailles sous la terre !
Quant à Iblîs, il est celui qui habille (yalbis) la droiture (istiqama) par son contraire. Mais considérons-le, lui aussi, et donnons-lui sa part dans le miroir… puisque nous parlons du Shaykh en tant que miroir, nous pouvons le faire également pour Iblîs, du fait qu’il s’agit toujours de l’ombre. On peut donc dire de lui aussi qu’il est ton miroir. Voilà pourquoi les ahl Allâh, et parmi eux notre Shaykh (rahimahullâh), disaient toujours que le Shaytân était tel un torchon dont on se sert pour essuyer ce qu’on a de sale sur nous. Ainsi, à chaque fois que tu tombes dans l’un de tes travers, tu dis : « C’est Iblîs qui a fait ça… »
Non, dis plutôt : « J’ai fait ça moi-même, moi qui suis Habil ». Comme ça, c’est mieux. Inutile de ramener Iblîs et d’en parler de cette façon.
Si maintenant nous le prenons comme ton miroir, partant du fait que tu t’es attaché à lui, à sa pensée, à ses insufflations… prends-le donc et considère-le comme ton miroir. Iblîs est ton miroir, mais pas comme le miroir du Shaykh ! Le miroir du Shaykh te fait voir ton for-intérieur, et le fruit de ta vision du Shaykh est que tu en récoltes la Lumière du Seigneur ﷻ, tu prends les mouvements de l’Etoile et les théophanies divines… mais qu’est-ce que tu vas prendre du miroir de Iblîs ?
Etant donné que le travail de Iblîs consiste en le fait de revêtir les choses et donner des apparences trompeuses… toujours, il te fera percevoir les choses à l’inverse de ce qu’elles sont. Et cet état de droiture, lorsque Iblîs te l’habille à sa façon, si tu insistes à l’observer… tu verras que les choses sont inversées. Par exemple, lorsque tu te tiens face à un miroir, tu t’observes toi-même… ces yeux que tu vois disposés de telle manière, si tu regardes bien, tu te rendras compte qu’ils sont inversés. Quant au miroir du Shaykh, il ne te renvoie pas ta propre image de toi-même. Plutôt, il te renvoie l’image de toi qui voyage vers la Qibla de sayidina al-Mustafa ﷺ.
Donc si tu regardes dans le miroir du Shaykh, tu vas voir ta nuque. Et si tu regardes dans le miroir du Shaytân, tu verras comme dans le miroir (de ta salle de bain). C’est-à-dire que tu vois tout inversé, mais pas inversé dans le sens où ta tête se retrouverait en bas et tes pieds en haut… plutôt, que tout ce qui se trouve à droite t’apparaît comme étant à gauche… et tout ce qui est à gauche t’apparaît comme étant à droite. Et de même que ce miroir a la faculté d’inverser les formes apparentes, il inverse de même les pensées, les intentions, les connaissances, et la manière de considérer ces Sciences révélées. Ces théophanies sont évidemment pures, exemptes de toute falsification… excepté si tu habilles toi-même ces réalités de fausses apparences !
Comment serait-ce possible ?
Par tes mauvaises pensées.
Et d’où te viennent ces mauvaises pensées ?
De ton propre intérieur, parce que le Qarin (shaytan associé à chaque être humain) circule dans les veines de tout un chacun. De là, tu commenceras à faire des interprétations infondées, stupides, basées sur de fausses apparences… comme si tu avais été ensorcelé. Tel est le savoir-faire de Iblîs… si tu veux apprendre à connaître Iblîs… et tu as obligatoirement besoin de cette connaissance ici, si tu veux être en mesure de nettoyer et purifier ton moustaqarr. Si tu ne connais pas les armes de ton ennemi ni ses méthodes d’action, il finira par te vaincre et te soumettre.
Seulement ici, à peine mentionnons-nous le nom de Iblîs… les gens ont peur et font marche arrière. Mais non ! Il faut que tu apprennes à connaître qui est ce Iblîs, afin d’être en mesure de le vaincre, par la Force de la Foi Lumineuse. Si tu t’en tiens au fait de fuir dès que tu entends le nom de Iblîs… le moindre petit tourment te causera un grand tort.
Tout le savoir-faire de Iblîs consiste en le fait de faire passer le faux pour vrai, et le vrai pour faux. Et il en est arrivé au point où la sorcellerie est considérée comme étant la religion, et la religion comme étant de la sorcellerie. Voilà Iblîs.
On en est au point où, à la fin des temps, quand tu dis « Allâh est la Lumière des cieux et de la terre. » [1], on vient te dire « Non, cette lumière c’est une manifestation de Iblîs ! »
Pourquoi ?
Parce qu’il a inversé toutes tes compréhensions. Il t’a fait voir la religion dans l’apparence de la sorcellerie… et la sorcellerie, c’est-à-dire les ténèbres, il te les a fait voir dans l’apparence de la Lumière. C’est comme cela que Iblîs agit avec toi. Et tu en es arrivé à aimer les ténèbres, au lieu d’aimer la Lumière. Au lieu de fuir et d’aller te réfugier dans la Lumière, tu fuis la Lumière pour te réfugier dans les ténèbres.
Quand le disciple vient et te dit : « Non, j’ai peur… j’ai peur de ruiner ma ‘aqida (croyance)… »
…ah ouais… tu ruines ta croyance quand tu vois la Lumière d’Allâh !?
Quand t’apparaissent les Sciences prééternelles, tu ruines ta ‘aqida !? …parce que actuellement, mashaAllâh, ta ‘aqida est impeccable !?
Mais qu’est-ce que tu racontes, quelle ‘aqida tu as toi ? Tu n’as aucun nœud (‘oqda[2]). Tous tes nœuds sont ténèbres, liées directement à Iblîs. Il vient uriner dans tes oreilles toutes les nuits [3] et il noue pour toi ses nœuds ténébreux et soufli [4].
C’est pour cela que le Messager d’Allâh ﷺ nous a enjoint, lorsqu’on regarde dans le miroir, à faire une invocation… parce que si tu observes attentivement ton reflet dans le miroir, tes caractéristiques soufliya vont t’apparaître. A partir du moment où sayiduna al-Mustafa ﷺ nous a enjoint à cela, c’est bien que c’est véritable : « Alhamdulillâh. Ô Allâh, comme tu as parfait ma création, parfais mon caractère. » [5] Voilà ce qu’il faut que tu dises lorsque tu te regardes dans le miroir… maintenant, savoir pourquoi, c’est qu’il y a là un Secret caché…
Quant au miroir du Shaykh, tu as pris la bay’a de ce miroir avec une invocation. Parce que lorsque tu as regardé dans le miroir du Shaykh, lors te ta prise de bay’a, tu as regardé en accompagnant ta vision soit de l’istighfar, soit du tasbih, soit du tahlil, et en état d’ablutions. Et de son côté, en même temps, le miroir récitait un verset Coranique : « Ceux qui te prêtent serment d’allégeance ne font que prêter serment à Allâh : la Main d’Allâh est au-dessus de leurs mains. Quiconque viole le serment ne le viole que contre lui-même, et quiconque remplit son engagement envers Allâh, Il lui apportera bientôt une récompense énorme. » [6]
Lorsque tu regardes ta réalité dans le miroir soufli de ton propre côté diabolique, à ce moment-là, tu dois faire une invocation afin de bloquer et te prémunir de ce qui se trouve inévitablement en toi. Et concernant le moustaqarr de la Noubouwa, évidemment si tu fais partie de ceux qui placent toute leur attention dans la quête de parfaite conformité à la Chari’a et dans la recherche de protections comme celle-ci, alors tu seras protégé et il te sera impossible de tomber dans les bas degrés des passions de l’égo et du Shaytân. Dès lors, tu chercheras spontanément le sens des théophanies qui te parviennent dans le Coran.
Les choses sont simples : puisque tu débutes par la vision de l’Etoile, cherche dans le Coran tous les versets qui mentionnent l’Etoile. Et lorsque tu commenceras à méditer sur une sourate ou un verset dans lequel est cité le mot Etoile (najm), cherche à établir le lien entre l’Etoile que tu vois et celle dont il est question dans la Parole du Seigneur ﷻ. Si tu étudies la Niche, cherche tous les versets qui mentionnent al-michkâte, ou falak, fada’… tous ces mots qui renvoient à la Niche… puis, fais le lien entre ceci et ce qui se trouve dans ton cœur. Si tu as vu la Lampe (al-misbâh), alors fais le lien avec tout ce qui, dans le Coran, renvoie à la Lampe : le Soleil, le Flambeau illuminant (siraj al-mounir), etc. Rassemble tous ces mots et tous ces versets, et fais le lien avec ce que toi tu as dans ton cœur.
Tout ceci, pour faire augmenter ta certitude (yaqîn)… si toutefois tu as la certitude, en le Livre du Seigneur ﷻ. Mais si tu n’as même plus confiance en le Coran, ça c’est ton problème, et c’est catastrophique pour toi… parce que le Messager d’Allâh ﷺ te dit : « Je laisse parmi vous ce que, si vous vous y attachez, vous ne vous perdrez pas après moi. L’une de ces deux choses est plus importante que l’autre : le Livre d’Allâh, qui est une corde tendue depuis le ciel vers la terre, et l’élite (itra) des gens de ma maison (ahl bayti). Ils ne se sépareront pas, jusqu’à se retrouver au Bassin. Faites donc attention à ce que vous ferez vis-à-vis de ces deux choses après moi. » [Authentifié par al-Albâniy, Sahîh al-Jâmi’, n°2458]
Le Livre d’Allâh, tu l’as avec toi. Et la ‘itra, c’est un flux subtil qui circule en toi (la Lumière)… si donc tu parviens à établir le lien entre le Livre d’Allâh et la ‘itra placée dans ton cœur, tu parviendras à prendre le dessus sur le Shaytân, qui habille le vrai par le faux. Mais si tu continues de garder et nourrir en toi des doutes vis-à-vis de cela… et bien sache que tu n’as tout simplement pas d’intellect, et donc aucun discernement ni aucune capacité de raisonner.
Parce que, quel est l’intellect suprême (al-‘aql al-akbar) ?
C’est le Coran et la Sunna ! Donc si même al-‘aql al-akbar n’a pas fait naître en toi de certitude, sache que tu n’as purement et simplement aucun intellect. Et inutile de nous faire part des futilités que tu aurais entendues de untel, selon untel… « untel m’a dit que ceci, unetelle m’a raconté que cela… »
Nous, nous disons « le Coran et la Sunna » ! On ne rapporte pas les paroles des uns et des autres ! « Allâh dit, le Messager d’Allâh ﷺ dit ».
Point final.
Cherche dans les Hadîth Prophétiques la mention de la Lumière. Cherche les Versets Coraniques qui font mention de la Lumière. Commence ainsi, puis passe aux étoiles, l’arbre… etc. Toutes ces indications (ichara) sur lesquelles tu as travaillé dans les théophanies qui te sont parvenues. Cherche, car c’est de cette manière que tu comprendras ce que ton Seigneur veut te dire. Fais travailler un peu ton intellect, rapporte-nous tes explications et tes interprétations, basées sur le Coran et la Sunna. Puis retourne au Shaykh… si toutefois tu as la certitude en lui. Et si ce n’est pas le cas, sache que lui non plus n’a pas de certitude en toi.
[1] Sourate al-Noûr, verset 35.
[2] Sayiduna Shaykh nous enseigne que ce que l’on désigne comme étant la ‘aqida est en fait un ensemble de « nœuds » (‘oqad, même racine que ‘aqida), des nœuds qui sont en vérité des confinements au sein desquels on saisit et on se représente les choses relevant du domaine de la Foi (imân).
[3] Référence au Hadîth : « Ô Messager d’Allâh, untel a dormi jusqu’à ce que vienne le matin. Le Prophète ﷺ répondit : « Shaytân a uriné dans ses oreilles. » » [Sahih al-Boukhâriy]
[4] Référence au Hadîth : le Prophète ﷺ a dit : « Shaytân vient à l’un d’entre vous et il lie un nœud à l’arrière de sa tête en faisant trois nœuds, et il dit dans chaque nœud : « Dors, tu as une longue nuit devant toi. » Ainsi, quand il se lève et se rappelle d’Allâh, un des nœuds est délié. Quand il fait ses ablutions un autre nœud est délié. Et quand il prie les trois nœuds sont déliés. Ainsi, il se lève vif et avec un bon esprit, mais s’il se lève et ne se rappelle pas Allâh, n’accomplit pas les ablutions et ne prie pas, alors il se lève avec un mauvais esprit et paresseux. » » [Sahih al-Boukhâriy]
[5] « Alhamdulillâh. Allâhumma kama hassanta khalqiy fahassin khuluqiy » [Sahîh ibn Hibbân]
[6] Sourate al-Fath, verset 10.